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(Photo Credit: TAU)

L'Université de Tel-Aviv forme 400 assistants sociaux pour soigner les victimes de traumatisme

14 October 2024
Depuis le début de la guerre de Gaza, 400 assistants sociaux ont suivi un programme de formation spécialisé axé sur les traumatismes de l’Ecole de travail social de l’Université de Tel-Aviv pour traiter les survivants du 7 octobre.

social workersLes atrocités du 7 octobre et la guerre qui s’ensuivit ont déclenché une vague de traumatismes en Israël, la quasi-totalité de la population ayant été touchée, directement ou indirectement. Face à une horreur aussi monumentale, les travailleurs sociaux israéliens, bien que largment expérimentés dans le soin des populations traumatisées et défavorisées, se sont trouvés confrontés à des défis auxquels ils n’étaient pas préparés. Pour les aider à fournir le meilleur service possible tout en protégeant leur propre santé mentale, l’École de travail social de l’Université de Tel-Aviv a rapidement mis au point un cours de formation en ligne de six semaines, axé sur les soins aux victimes de traumatismes et des troubles de stress post traumatiques (TSPT) pour les travailleurs sociaux de tout Israël, grâce aux dons généreux du Jewish United Fund of Metropolitan Chicago et de la société Chevron Mediterranean Limited.

Un besoin urgent

Un an plus tard, près de 400 travailleurs sociaux ont effectué le programme, qui en est à présent à sa 10e édition, les diplômés couvrant tout le spectre de la société israélienne – secteurs juif et arabe, zones centrales et périphériques – dans les domaines de l’aide sociale, la santé, l’éducation et l’armée. Le cours, se déroulant entièrement sur zoom, a été conçu pour les travailleurs sociaux occupés sur le terrain, leur inculquant des méthodes pour aider les patients à faire face à un traumatisme aigu tout en préservant leur propre santé mentale.

« Lorsque nous avons annoncé le cours pour la première fois, il y a eu dix fois plus de demandes que de places disponibles », commente le Dr. Julia Gouzman, organisatrice du cours. « Le cours correspondait à un besoin urgent. Les cinq premières sessions ont été réalisées grâce au soutien philanthropique du Jewish United Fund of Metropolitan Chicago, et les cinq suivantes à celui de la compagnie Chevron Mediterranean Ltd ».

Place des otages

L’idée d’un programme de formation est née des nombreux témoignages de travailleurs sociaux se sentant mal préparés face à l’ampleur de la crise. Certains n’avaient jamais travaillé avec des victimes de traumatismes auparavant, d’autres estimaient que les outils et les modèles qu’ils utilisaient jusque-là n’étaient pas adaptés aux besoins et aux difficultés spécifiques de la situation.

Des outils adaptés à la situation

« Pendant cette période, beaucoup d’entre nous ont improvisé, car personne n’avait imaginé ce scénario et nous n’avions tout simplement aucun moyen de nous préparer à ce à quoi nous étions confrontés. Une grande partie de ce que nous avons fait a été basé principalement sur notre intuition », explique Tal Magal, une des participantes du cours, assistante sociale spécialisée dans le suivi des enfants à risque depuis près de 22 ans, qui travaille actuellement avec des personnes des villages de la frontière de Gaza évacuées dans un hôtel depuis le début de la guerre.

« Bien que je travaille régulièrement avec des victimes de traumatismes, dans ce cas, j’ai senti que j’avais besoin de me raccrocher à une sorte d’ancre pour mettre de l’ordre dans mes pensées ».

Kelly Ashwal, une autre participante du cours, qui travaille à l’hôpital Beilinson, et a soigné des survivants de l’attaque du 7 octobre, notamment des soldats et des rescapés du festival Nova, décrit également à quel point ces premières semaines ont été exigeantes sur le plan émotionnel : « Les hélicoptères arrivaient les uns après les autres, transportant une multitude de victimes. Ces premières visites auprès des blessés ont été extrêmement difficiles, je l’ai ressenti dans mon corps, j’ai eu d’horribles maux de tête et de ventre ». Elle décrit comment elle a dû accompagner de nombreuses personnes sous le choc du deuil et dans de graves crises de panique, et même des patients âgés survivants de l’Holocauste hospitalisés pour soins de longue durée, qu’elle a aidés à surmonter les flashbacks provoqués par la nouvelle des violences.

La nécessité de s’auto-préserver

« Nous avions tous beaucoup de questions sur la meilleure façon d’aborder les personnes atteintes. J’ai fait mon possible pour gérer au mieux chaque cas individuellement, mais quand j’ai vu l’annonce du cours de l’Université de Tel-Aviv, j’ai pensé que cela correspondait parfaitement à mes besoins. »

Les principaux axes du cours sont les traitements d’urgence des traumatismes, la prévention du TSPT à long terme, la résilience et la croissance, les traumatismes chez les enfants et l’auto-préservation des travailleurs sociaux eux-mêmes. Après chaque cours, les participants reçoivent les documents afin qu’ils puissent les revoir à tout moment.

« Le fait que le cours ait été conçu pour des personnes comme moi qui sont au cœur de l’action m’a permis d’y assister », ajoute Tal Magal. « Il se déroule par zoom, ne demande pas beaucoup de temps et ne nécessite pas de préparation supplémentaire. Cela m’a permis de continuer mon travail auprès des rescapés à l’hôtel, ainsi que mon travail habituel. C’est très important car le temps est précieux en ce moment. Parfois j’ai assisté au cours directement à l’hôtel, car je sentais que les informations fournies étaient si importantes que je ne pouvais pas les manquer. Le programme a affiné les outils dont je disposais et m’a donné confiance en ses méthodes. Il m’a également procuré la capacité d’aider les patients à sortir de leur état traumatique pour pouvoir commencer à envisager l’avenir avec optimisme et reprendre le contrôle de leur vie ».

 « Nous avons appris des exercices de respiration et comment nous ancrer dans notre espace physique », explique Kelly Ashwal. « Je m’en sers tout le temps maintenant, tant pour moi que pour mes patients. J’ai reçu des outils dont je ne disposais pas pour aider les parents à parler avec leurs enfants, ainsi que pour me protéger émotionnellement. Bien que le travail m’affecte toujours, grâce à cette formation, je me sens beaucoup plus capable d’effectuer mon travail ».

Contribuer à la résilience de tous les habitants du pays

« Mettre à disposition des outils de base pour travailler avec les traumatismes est de la plus haute importance pour la résilience de tous les habitants du pays », explique le Dr. Lia Levin, directrice de l’unité de formation continue de l’Ecole de travail social. « Cela nous permet également de réaliser les valeurs fondamentales qui nous guident à l’Université de Tel-Aviv : un professionnalisme sans compromis et une contribution à la communauté ».

« Nous avons reçu de nombreuses demandes pour ouvrir un programme de suivi afin d’approfondir et d’élargir le sujet », déclare le Dr. Gouzman. « Je suis très fière d’être à la tête d’un programme qui répond à un besoin aussi énorme, et je suis constamment émue par les commentaires des participants ».

Tal Magal conclut : « Je suis convaincue que je continuerai à utiliser ce que j’ai appris pendant la formation, même après la fin de cette période, car je travaille quotidiennement avec des personnes traumatisées, mais aussi parce qu’en Israël, il existe toujours un risque de catastrophes. Les travailleurs sociaux israéliens seront mieux lotis s’ils sont équipés pour apporter leur aide immédiatement en cas de besoin. Nous avons besoin de ces connaissances car Israël est notre pays et c’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés ».

 

FONDS D’URGENCE
de l’Université de Tel-Aviv
pour aider ses 6 000 étudiants et étudiantes mobilisés par Tsahal
et soutenir l’unité d’études sur le post-trauma de l’Ecole de psychologie
Contactez-nous : 
En France: afauta@wanadoo.fr Tél. : 01 40 70 18 07 
En Israël : tlvuniv@tauex.tau.ac.il Tél. : 03 640 87 69