La deuxième Conférence annuelle sur l’avenir d’Israël s’est tenue la semaine dernière (mercredi 7 mai 2025) à l’Université de Tel-Aviv, avec la participation de personnalités de premier plan de la vie publique israélienne, dont le Président Isaac Herzog, Président de l’Etat d’Israël. Cette conférence annuelle vise à élargir et à approfondir le débat public en rendant accessibles la recherche universitaire et les perspectives interdisciplinaires. Elle sert de plateforme de dialogue ouvert entre des représentants de tous les secteurs de la société israélienne, des personnalités influentes d’horizons divers et le grand public. Elle a abordé les questions brûlantes de l’actualité du pays, devant un public nombreux et diversifié.

La matinée a débuté par des tables rondes animées par certains des meilleurs chercheurs de l’Université de Tel-Aviv, couvrant quatre domaines clés de la vie en Israël aujourd’hui : sécurité et société, le système public et les services sociaux, environnement et technologie, et enfin droit, politique et relations internationales.

« Le monde universitaire doit être un phare qui éclaire la voie de la société »

Les tables rondes ont été suivies d’une séance plénière, ouverte par le Prof. Ariel Porat, président de l’université avec la participation du Président Isaac Herzog, du chef de l’opposition et président de « Yesh Atid », le député Yair Lapid, du ministre  chargé de la réhabilitation du Nord et du Sud d’Israël, Ze’ev Elkin, interviewé par Keren Marciano, rédactrice économique et présentatrice des informations sur la chaine israélienne N12, et d’Einav Zangauker, mère de Matan Zangauker, toujours retenu en otage à Gaza.

« J’ai rencontré plus de 1 100 familles endeuillées, les familles des otages sont devenues partie intégrante de ma propre famille, et nous agissons dans tous les cercles possibles pour les ramener. Le peuple d’Israël tout entier veut voir tous les otages de retour à la maison jusqu’au dernier, le plus rapidement possible », a déclaré le Président Herzog interrogé par le Prof. Liad Mudrik, de la Faculté des sciences sociales. Le Président a également appelé à l’unité du peuple israélien : « En tant que Président de l’Etat d’Israël, je suis Président de l’ensemble du peuple, dans sa diversité, sa mosaïque de composantes ethniques et son histoire, et je continuerai de lutter pour un dialogue respectueux, l’unité et la cohérence, face aux ennemis qui nous entourent de tous les coins du monde, et ne souhaitent que nous éliminer, quelques soit nos opinions. Nous devons être éveillés, responsables, forts et faire revenir nos otages à la maison en permettant à nos enfants de vivre dans un Etat juif et démocratique ».

Le Prof. Ariel Porat, président de l’Université de Tel-Aviv, a souhaité la bienvenue à tous les participants, soulignant plusieurs axes fondamentaux à ses yeux de l’action du monde universitaire et de ses dirigeants. Tout d’abord, la défense vigoureuse de la liberté académique, la liberté d’expression et l’indépendance institutionnelle, et la lutte contre toute ingérence gouvernementale dans les affaires des campus. Puis, la protection du caractère démocratique de l’État d’Israël ; enfin la préservation des droits de l’homme, des libertés civiles et des droits des minorités : « Le monde universitaire doit être un phare qui éclaire la voie de la société. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester les bras croisés en espérant que tout ira bien », a-t-il déclaré.

« Les parents ne fixent pas de prix à la vie de leurs enfants »

Il conclut en exprimant sa profonde inquiétude quant au sort des otages, insistant sur l’importance de leur retour sain et sauf et la nécessité de prendre toutes les mesures nécessaires pour leur libération : « Nous n’aurons pas de repos tant qu’ils ne seront pas tous rentrés chez eux ».

« Nous devons lutter contre une vague de pessimisme et de découragement », a déclaré pour sa part le chef de l’opposition Yaïr Lapid. « Nous devons créer une nouvelle coalition israélienne qui inclue des personnes de droite, du centre et de gauche, qui comprennent que l’espoir est un mode d’action, et devra s’engager en faveur de l’égalité devant les responsabilités nationales. L’exemption du service militaire pour les Orthodoxes fait de nous un pays qui ne respecte pas les sacrifices de ses soldats et de ses citoyens. C’est une chose que nous ne pouvons pas accepter ».

L’intervention d’Einav Zangauker, mère de Matan Zangauker, toujours retenu en otage à Gaza, a été applaudie pendant plusieurs minutes par le public, aux cris de « Tu n’es pas seule, nous sommes avec toi ! ». « Les parents ne fixent pas de prix à la vie de leurs enfants, et l’État ne le devrait pas non plus », a-t-elle déclaré. Malgré son chagrin, elle a exprimé sa profonde gratitude envers le public israélien pour son soutien unanime aux familles des otages : « Vous êtes l’espoir pour Matan et pour moi », a-t-elle conclu.

TSPT, fuite des cerveaux et crise juridique

Le Prof. Yair Bar-Haim de l’École de psychologie de l’Université de Tel-Aviv, directeur du Centre pour le post-trauma ouvert sur le campus dès le début de la guerre, a dévoilé une étude indiquant une augmentation du nombre de cas de symptômes post-traumatiques (TSPT) après la guerre des « Épées de fer ». L’équipe de recherche de l’Université de Tel-Aviv a examiné la prévalence de ces symptômes chez les soldats durant pendant leur service de combat et après leur libération, sur plusieurs années. L’étude, menée avant le conflit (en période de routine) et pendant la guerre des Epées de fer met en évidence l’aggravation des difficultés psychologiques en période de guerre, le nombre de participants ayant rapporté des symptômes post-traumatiques significatifs atteignant environ 12 %.

Les panels suivants portaient sur les thèmes de la fuite des cerveaux et la délocalisation, avec la participation du Prof. Rivka Carmi, ancienne présidente de l’Université Ben-Gourion ; la crise juridique, avec la participation du Prof. Neta Barak Koren (Univ. hébraïque de Jérusalem), le Prof. Gideon Sapir (Bar Ilan) et le Prof. Yoram Danziger, ancien juge de la Cour Suprême, panel modéré par le journaliste Baruch Kara, commentateur juridique de la chaine N13; enfin un panel sur le nouveau Moyen-Orient, avec la participation du député Dr. Mansour Abbas, président du parti arabe Ra’am et Amira Oron, ancienne ambassadrice d’Israël en Égypte, chercheuse à l’INSS.

Le Dr. Mansour Abbas a évoqué les relations entre Arabes et Juifs après le 7 octobre et la possibilité d’une collaboration politique renouvelée : « Je vois encore un potentiel de coopération politique entre Arabes et Juifs. Je suis optimiste. C’est un moment de vérité ».

On également pris la parole Arnon Bar-David, président de la Histadrout, interviewé par la journaliste Keren Marciano, l’ancienne ministre de la Justice et de l’Intérieur et actuelle présidente de Kardan Real Estate, Ayelet Shaked, l’ancien ministre de la Défense et et ancien chef d’état-major de Tsahal, Moshe (Bogie) Ya’alon, et le député Gadi Eisenkot, 21e chef d’état-major de l’Etat d’Israël.

La Conférence pour l’avenir de l’Etat d’Israël est réalisée en collaboration avec la Fondation Kadar.

Photos :

1. Le Président de l’Etat d’Israël Isaac Herzog

2. Einav Zangauker, mère de Matan Zangauker détenu en otage à Gaza

3. L’ancienne ministre de la Justice Ayelet Shaked et le journaliste Baruch Kara

4. Le ministre chargé de la réhabilitation des régions nord et sud d’Israël au ministère des finances, Zeev Elkin

FONDS D’URGENCE

de l’Université de Tel-Aviv

pour aider ses 6 000 étudiants et étudiantes mobilisés par Tsahal

et soutenir l’unité d’études sur le post-trauma de l’Ecole de psychologie

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