Plusieurs centaines de personnes ont participé à la Conférence de Tel-Aviv sur l’avenir d’Israël, organisée par l’Université de Tel-Aviv le 19 juin dernier dans le but d’approfondir le débat public dans la perspective multidisciplinaire propre à l’université, au sein d’un dialogue ouvert entre les différentes parties de la société israélienne sous toutes ses nuances. Des dizaines de décideurs, experts en sécurité, professionnels des médias, chefs d’entreprises, universitaires, intellectuels et personnalités du monde de la culture, de même que des membres des familles des otages détenus à Gaza ont participé aux différents panels et tables rondes.

Ont notamment pris part à la Conférence le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, le directeur général de la police, Yaakov Shabtai, le député Benny Gantz, dirigeant du Parti de l’unité nationale, le Général (de réserve) Yair Golan, dirigeant du Parti travailliste: des professionnels des médias, dont Ohad Hemo, journaliste pour les affaires arabes de la chaine 12, Keren Marciano, journaliste économique de la chaine 12, Hila Korah, présentatrice du journal télévisé de la chaine 13 et Yoav Limor, chroniqueur militaire du quotidien Israel HaYom et présentateur de la chaine 12; des universitaires, parmi lesquels le Prof. Ezer Gat de la Faculté des sciences sociales, le Prof. Bruria Adini de la Faculté des sciences médicales et le Dr. Arik Rudnitzky de la Faculté des sciences humaines ; des femmes et hommes d’affaires, dont Asi Shmeltzer, président de Shlomo Holdings, Lilach Asher Topilsky, associée principale du Fonds Fimi, Adi Soffer Teeni, PDG de Meta Israel, et Harel Wiesel, PDG et propriétaire du groupe Fox Wiesel Ltd. ; et des intellectuels et des personnalités du monde de la culture.

« Peut-être que de vous viendra le salut »

« Beaucoup d’entre vous ont combattu avec beaucoup de courage sur le champ de bataille et ont sacrifié leur vie pour défendre notre pays », a déclaré le Prof. Ariel Porat, président de l’Université de Tel-Aviv, en ouverture de la Conférence. « Quelle que soit votre position politique, vous devez sortir dans l’espace du débat public et tenter d’avoir un impact. L’État d’Israël a besoin de vous ici aussi. Peut-être que le leadership que tout le monde souhaite viendra de vous, peut-être que de vous viendra le salut ».

Yaakov Shabtai, Directeur Général de la police nationale a parlé de l’héroïsme des policiers et policières israéliens le 7.10 et en général, et de son fonctionnement au cours des deux dernières années, alors que l’État d’Israël traverse un bouleversement généralisé. « Les policiers et les combattants de la police des frontières sont les « gilets pare-balles » du front arrière israélien. Il n’est pas facile d’être policier dans l’État d’Israël d’aujourd’hui, surtout en cette période. Nous remplissons notre mission grâce à notre foi dans son caractère juste, et notre sens de la responsabilité mutuelle envers la société israélienne tout entière. La police doit rester autonome, libre de tout parti-pris politique. Ce n’est qu’ainsi que son indépendance sera garantie ».

Dans un panel particulièrement émouvant, Shir Siegel, dont la mère Aviva a été libérées du Hamas et le père Keith est encore en captivité, Ella Ben Ami, dont la mère Raz a été libérée alors que son père Ohad est encore prisonnier du Hamas et Nofar Buchshtab, dont le frère Yagev est toujours otage à Gaza sont montées sur scène pour partager leurs sentiments face à l’enlèvement, l’attitude des décideurs, et les dilemmes difficiles auxquelles elles et leurs familles sont confrontées au quotidien depuis près de 9 mois. « L’une des choses qui me fait le plus peur, c’est que certains d’entre nous s’habituent à cet état de choses. La situation des otages devient une sorte de toile de fond en arrière-plan. Je voudrais, si je le pouvais, demander à chacun d’entre vous, professeurs, avocats, et personnes expérimentées et influentes, ce que vous avez fait et ce que vous comptez-vous faire pour ramener mon père et d’ensemble des otages à la maison ? Ou est-ce que, comme beaucoup d’Israéliens, vous sentez que vous n’avez pas assez de pouvoir ou d’influence ou que vous n’en savez pas suffisamment ? ».

« L’Etat d’Israël reste le pays le plus fort de la région »

« Je suis inquiet pour les Juifs d’Allemagne et d’Europe et du fait qu’il y ait tant d’intimidation et de harcèlement », a déclaré l’Ambassadeur d’Allemagne en Israël Steffen Rüdiger Seibert. « On ne combat pas les intimidateurs antisémites uniquement avec des lois ». Il ajoute : « Je ne pense pas que toute l’Europe et l’Allemagne suivent l’exemple de l’Espagne et de l’Irlande dans leur reconnaissance d’un État palestinien. Nous pensons qu’une solution durable devrait prendre la forme d’un accord de paix basé sur deux Etats, avec tous les arrangements de sécurité, car le principe de la sécurité d’Israël doit être préservé avant tout ».

Le panel culturel a réuni le réalisateur et scénariste Avi Nesher, le musicien Idan Raichel et la directrice du Théâtre Beit Lessin, Tzipi Pines, qui ont parlé de l’importance de la culture et de la création, en particulier en temps de guerre. S’agit-il d’un simple besoin d’évasion ou d’un réel désir de chanter ou de regarder une pièce de théâtre ou un film ? Le rôle de la culture est-il de remonter le moral ou de critiquer ? Dans quelle mesure est-il possible de créer de l’art pendant une période de guerre prolongée ? La projection de films israéliens à l’étranger, précisément maintenant, est-elle bonne pour nous ? Et beaucoup d’autres questions passionnantes. « Tout comme l’économie est nécessaire à notre société, la culture fait partie de son ethos et vous rappelle ce pour quoi vous vous battez », a affirmé Avi Nesher.

« Malgré le désastre d’octobre, l’État d’Israël reste le pays le plus fort de la région », a déclaré pour sa part le député Benny Gantz. « Mais nous nous trouvons dans une situation dangereuse de division et de fragmentation interne, que nos ennemis ont identifié avant le 7 octobre lorsqu’ils ont décidé de nous attaquer. Je ne suis en aucun cas prêt à revenir à la situation sociale du 6 octobre dans l’État d’Israël. Après huit mois, nous sommes toujours en train de farfouiller dans nos blessures, au lieu de nous concentrer sur la lutte contre notre ennemi. Nous ne tomberons pas dans les généralisations, et nous ne répandrons pas la haine ».

Photos:

1. De gauche à droite: Shir Siegel, Ella Ben-Ami, Nofar Buchshtab et Yoav Limor

2. Le Directeur Général de la police Yaakov Shabtaï

3.  L’Ambassadeur d’Allemagne en Israël Steffen Rüdiger Seibert

4. Le Prof. Ariel Porat (à gauche) et le député Benny Gantz

(Crédit: Université de Tel-Aviv)

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