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(Photo Credit: TAU)

Cérémonie du Souvenir pour les soldats d'Israël tombés au combat et les victimes du terrorisme à l'Université de Tel-Aviv

13 May 2024
Alors que l’Etat d’Israël traverse l’année la plus difficile et la plus douloureuse qu’il ait connue depuis sa création, l’Université de Tel-Aviv a commémoré dimanche 12 mai 2024 ses soldats tombés au combat, et ses étudiants et professeurs victimes du terrorisme, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée sur le site mémorial du campus, en présence d’un large public d’étudiants, de membres du personnel administratif et académique, des familles en deuil et des dirigeants de l’Université.

Couronnes 3Au cours de la cérémonie, les noms de tous les soldats de l’Université de Tel-Aviv tombés au combat depuis la guerre d’Indépendance ont été lus par quatre étudiants du Département de théâtre de l’Université, liste qui s’est encore allongée cette année. Le public a également compté à voix haute de 1 à 132 en rappel du nombre inconcevable d’otages encore détenus en captivité à Gaza.

« Notre dette envers les victimes et les soldats tombés et leurs familles est infinie»

« Le 7 octobre, les ennemis les plus cruels que nous avons eu depuis l’Allemagne nazie, les meurtriers du Hamas, ont égorgé, violenté, violé, décapité, dans un accès de folie que nous n’avions jamais connu, et ont enlevé 260 hommes femmes et enfants, dont beaucoup sont encore détenus dans la Bande de Gaza dans des conditions innommables. Nous souhaitons tous leur retour à la maison le plus rapidement possible », a rappelé le Prof. Ariel Porat, Président de l’Université de Tel- Aviv, qui s’est adressé aux familles des soldats tombés : « Notre dette envers les victimes et les soldats tombés et leur famille est infinie. Nous sommes là grâce à eux. Au cours des sept derniers mois, j’ai rendu visite à un grand nombre de familles qui ont perdu un fils ou une fille parmi nos élèves. Ce n’étaient pas des visites faciles. Plus d’une fois, je me suis retrouvé devant des parents dont le monde s’était écroulé seulement quelques jours auparavant, et qui m’ont étrangement encouragé. Etranglé par les larmes, j’ai écouté un père ou une mère me racontant à la fois avec fierté et une douleur terrible comment leur enfant était tombé. Tous ces soldats tombés depuis le début des guerres d’Israël seraient aujourd’hui des ingénieurs, des scientifiques, des avocats, des médecins, des intellectuels, des artistes, des dirigeants politiques. Tout cela leur a été refusé, vous a été refusé, nous a été refusé. Mais ils font partie de notre communauté universitaire pour toujours. Leurs jeunes visages étaient familiers à beaucoup d’entre nous. Ils se sont promenés dans ces allées, ont étudié dans les classes où nos étudiants étudient aujourd’hui, se sont assis à la cafétéria. L’université a beaucoup changé de l’extérieur, mais elle est restée la même. Notre lien avec vous, les familles, est très important pour nous. J’envoie à chacun d’entre vous un message d’amour et de consolation et je souhaite que vous mainteniez ce lien à toutes les occasions possibles ».

 Porat

 « Depuis le début de la guerre, plus de 6 000 de nos camarades de classe de l’Université de Tel-Aviv se sont mobilisés pour l’effort de guerre, avec force et puissance, pour détruire nos assassins et ramener nos otages à la maison », ajoute Danielle Zilber, Présidente de l’Association des étudiants. « 17 de nos camarades ne sont pas revenus étudier avec les autres. Gal, Idan, Uri, Omri Belkin, Omri Ben Shahar, Zacharia, Meïna, Dan, Rona, Yuval, Yaïr, Avraham, Ilan, Roy, Constantin, Maya et Inon », énumère-t-elle, la voix brisée. « Chacun d’entre eux était un univers en soi. C’est grâce à eux que nous sommes ici aujourd’hui. Notre pays a connu tant de deuils cette année. Toutes les personnes présentes ici connaissent, d’une manière ou d’une autre, quelqu’un qui est tombé. La douleur est insupportable, mais nous sommes ici, à cette cérémonie, pour les familles qui ont payé le prix ultime. Pour ceux qui ont perdu des amis proches, qui jusqu’à ce semestre faisaient partie indissociable de notre vie. Pour les morts et bien sûr pour nos otages. Qu’ils rentrent à la maison sains et saufs auprès de leurs familles ».

« Chacun de nous paye le prix de l’existence d’un Etat juif en Terre d’Israël »

« S’il y a quelque chose qui est devenu clair pour nous cette année, c’est que nous, la jeune génération, devons prendre notre avenir en main et nous battre pour notre pays pour que nous puissions y vivre en toute quiétude et sécurité. Nous nous trouvons encore dans une guerre dont nous n’avons pas connu l’équivalent dans ce pays depuis sa création. Chaque jour chacun d’entre nous paye le prix de l’existence d’un Etat juif en terre d’Israël. Malgré l’idée presque inconcevable que cette année n’a pas encore fini d’apporter son comptant de deuil et de souffrance à notre peuple, car nous n’avons pas d’autre pays. Notre responsabilité est double : d’abord, être présent pour les familles de ceux qui sont tombés. Sachez, chères familles, que moi et tous mes camarades de classe, ainsi que le reste de la communauté du campus, sommes là pour vous. Vos fils et vos filles sont nos frères et nos sœurs, et c’est vrai également pour tous les membres de la communauté universitaire qui ont subi des pertes dans la guerre actuelle. Ensuite, notre responsabilité envers ceux qui combattent en ce moment à toutes les frontières du pays, de Rafah et à Kiryat Shmona. Nous devons rester impliqués dans ce qui se passe autour de nous, malgré la difficulté de survivre au jour le jour dans cette réalité insupportable. C’est notre devoir pour éviter une autre catastrophe comme celle du 7 octobre, et ramener les 132 otages restant à la maison ».

Père 2

Ont ensuite pris la parole des représentants des familles en deuil. Reuven Ben Shahar est le père du sergent-chef de réserve Omri Ben Shahar, étudiant de l’Ecole d’ingénierie électrique, tombé à l’âge de 25 ans pendant de la guerre de Gaza, lors de la bataille de Khan Yunis le 8 décembre 2023.

« Notre pays a ceci d’unique que ses habitants lui donnent ce qu’ils ont de plus précieux »

« Nous avons eu le privilège d’être les parents, frère et compagnon d’Omri, qui était une personne aimée, généreuse et éclairée. Il devait commencer sa troisième année d’ingénierie électrique. Il a été mobilisé le 8 octobre, et a combattu jusqu’au 8 décembre avant de tomber au combat. Le chagrin est immense, de même que le vide qui s’est créé dans nos cœurs et dans nos âmes, et aux côtés duquel nous devrons continuer de vivre ».

 « Notre pays a ceci d’unique que ses habitants lui donnent ce qu’ils ont de plus précieux. Et cela exige que nous, de chacun de nous, d’être dignes de ce sacrifice et de continuer de veille à son existence, et à sa prospérité. Je souhaite que nous sachions préserver les valeurs d’Omri, des valeurs d’éducation, de progrès et de droits de l’homme, de loyauté, d’amitié et de dévouement sans fin envers les humains, le peuple et son pays. Et que nous sachions les transmettre aux générations futures. Omri et beaucoup d’autres sont tombés pour toutes ces choses et ils resteront des héros pour toujours. Je devons tous poursuivre leur chemin et leurs valeurs ».

samet

Noy Samet, étudiante en première année au Département des troubles de la communication de la Faculté de médecine, a perdu sa sœur, Tamar Samet, au Festival Nova. « La relation que nous entretenons avec nos frères et sœurs est la plus longue qu’une personne connaisse au cours de sa vie. J’en eu deux de ces relations. Une avec mon petit frère Nadav de 19 ans, et une avec ma petite sœur Tamar, notre cadette, qui aura 20 ans pour toujours. Tamar était partie faire la fête au Festival Nova. Lorsque les alertes ont commencé, elle a été se réfugier dans un abri public à Reïm et a été assassinée par les terroristes du Hamas à l’intérieur de l’abri. Elle était partie pour s’amuser avec ses amis, danser et écouter la musique qu’elle aimait, et n’est pas revenue. Ma mère m’a fait jurer que nous prendrions soin l’un de l’autre quand elle et mon père ne seraient plus là. Mais maintenant je ne peux plus m’occuper de toi. Je ne peux plus que faire en sorte qu’on se souvienne de toi, et que tu vives pour toujours dans le cœur des gens ».

« Le 7 octobre, j’ai rejoint la famille des endeuillés et depuis, je réapprends à vivre avec un énorme vide au cœur. Et comme moi, beaucoup d’autres frères et sœurs, ont perdu la relation la plus longue et la plus spéciale de leur la vie.

Je vous demande de ne pas les oublier. Ceux qui sont partis faire la fête et ne sont pas revenus, tous ceux qui sont restés derrière, ceux qui se trouvaient en première ligne face aux tirs du Hamas et ont été assassinés, et ceux qui sont revenus dans leur corps mais pas dans leur âme. Et ne nous oubliez pas non plus, nous qui en sommes restés au 7 octobre et qui le vivons chaque jour depuis, les familles des victimes du terrorisme, qui luttent pour se lever le matin, qui cachent une douleur innommable derrière le sourire de tous les jours, nous avons besoin de votre soutien ».

Yehudit Efraïmi est la mère du capitaine de réserve Ron Efraïmi, étudiant du programme de sciences numériques de la Faculté d’ingénierie et en sciences politiques à la Faculté des sciences sociales, tombé au combat le 8 janvier 2024 dans la Bande de Gaza. Elle a parlé de son fils aîné qui était sur le point de commencer ses études : « Au lieu de cela, au début du semestre il était encore à Gaza, et est tombé avec trois de ses amis dans une opération qu’il commandait, lors de l’explosion d’une usine d’armes sous-terraine de fabrication de roquettes à longue portée du Hamas. Sans cette opération nous ne serions pas là aujourd’hui. Je ne me suis toujours pas habituée au titre de mère endeuillée. Aujourd’hui encore, alors que je me trouve en face de vous, j’ai le sentiment d’avoir été invitée par erreur. J’étais censée recevoir une invitation pour la cérémonie de remise de diplôme de Ron, une cérémonie émouvante et joyeuse, au cours de laquelle il aurait dû monter sur scène et recevoir son diplôme. Ce sentiment m’accompagne depuis la Shiva, alors que le Président de l’Université était assis à côté de moi, et de l’autre le président de l’Association pour la mémoire des soldats tombés au combat, comme une porte tournante du destin de Ron, d’un côté vers le destin souhaitable et de l’autre vers le destin réel. Et me voilà ici aujourd’hui, en train de raconter ce qui aurait pu se passer si seulement la foudre n’avait pas frappé.efaimi

Ron est mon fils ainé. Un enfant drôle et joyeux, entouré d’amis, avec un trouble de déficit de l’attention aigu qui le rendait hyper-réactif au monde qui l’entoure, avec une oreille musicale absolue et un don exceptionnel pour les langues, enfant prodige et officier puis étudiant exceptionnel. Souvenez-vous de lui lorsque vous rencontrerez un étudiant pas comme les autres qui a juste besoin d’un coup de main pour réussir ».

Ramener les otages est notre devoir moral le plus important

Le dernier intervenant était le Prof. Yftah Gepner, de la Faculté de médecine, qui a combattu avec ses amis et les membres de sa famille au moshav Ein Habesor où il habite, attaqué par les terroristes du Hamas le matin du 7 octobre.

« Les terroristes sont arrivés aux portes du moshav à 7h54, deux minutes après la fermeture du portail électronique. Mon frère, Elad s’est battu pendant de longues minutes avec un M-16 contre des terroristes en grand nombre munis d’armes automatiques, de RPG, des tireurs embusqués et des forces d’assaut, jusqu’à ce qu’il soit blessé par balle. Avec d’autres membres du Moshav, nous nous sommes dirigés vers la clôture ce matin-là avec quelques armes individuelles, une hache, des pierres et tout ce qui nous est tombé sous la main, jusqu’à ce que nous parvenions à vaincre les terroristes. Nous ne sommes pas plus héroïques que les habitants des autres villages de la région, Be’eri, Nir Oz, Kfar Aza, Hulit et tous les autres, où des familles merveilleuses ont été massacrées dans leurs maisons, dans leurs lits, dans leur abri ou en prenant la fuite, avec une cruauté innommable ».Gepner

« Comme l’ont raconté les rescapés de la Shoah, ceux qui n’y étaient pas ne peuvent pas comprendre, et ceux qui y étaient ne l’oublieront jamais. Aujourd’hui, nous célébrons le Jour du Souvenir dans notre bien-aimé État d’Israël, mais cette année il serait plus correct de l’appeler le Jour du Deuil, car nous avons perdu tant d’êtres chers. Des membres de notre famille, des amis, des camarades de classe des enfants, des animateurs, des professeurs, le propriétaire du café, le gardien de l’école, le policier du village, des amis… Il sont avec nous tous les jours, et pour beaucoup d’entre nous, aussi la nuit. Il faudra des années pour que notre région à se remettre de cette fracture. Aujourd’hui encore, plus de sept mois après, rien n’est encore redevenu normal. Mais nous ferons tout ce qu’il faut pour reconstruire la région physiquement et psychologiquement, même si cela prend du temps. La victoire dans cette guerre sera de refaire de cet endroit une région encore plus sûre et prospère qu’elle ne l’était auparavant, pour que nous restions un peuple libre dans notre pays. Les mois passent mais la douleur augmente, douleur de la perte, du manque, alors que tant de personnes sont encore détenues prisonnières, à quelques kilomètres de chez moi. Ramener les otages à la maison est notre devoir moral le plus important, car si nous perdons la valeur de l’amitié, le pire sera encore devant nous ».

« Je voudrais terminer par des remerciements. Moins d’une semaine avant le début de la guerre, le Prof. Ariel Porat, président de l’université, est venu nous voir au moshav. Ensemble, nous nous sommes rendus au kibboutz Nir-Oz pour aider autant que nous le pouvions. L’odeur d’enfer qui y était alors dans l’air est indescriptible. Depuis, Ariel et les personnes formidables de l’université ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour nous aider, et je tiens à leur exprimer ma gratitude. Merci à cette université dont c’est un privilège d’appartenir, qui grâce à ses centaines de bénévoles, volontaires dévoués, nous a permis de relever la tête, en poursuivant l’agriculture dans la région, par l’établissement de cadres éducatifs et un soutien continu pendant de nombreux mois. Je tiens à remercier toutes les personnes spéciales de notre pays pour ce qu’elles ont fait, et font encore, pour nous aider à nous reconstruire. Une mosaïque de couleurs, d’opinions différentes, qui ensemble créent une appartenance à quelque chose de spécial ».

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Photos: 

1.  Le représentant des étudiants s’inclinant devant les couronnes du souvenir

2. Le Prof. Ariel Porat

3. Reuven Ben Shahar

4. Noy Samet

5.  Yehudit Efraïmi

6. Le Prof. Yftach Gepner

(Crédit: Université de Tel-Aviv)

 

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