
Cérémonie de commémoration de la Shoah à l’Université de Tel-Aviv : « Depuis le 7 octobre, la commémoration de la Shoah revêt une dimension douloureuse supplémentaire »
La cérémonie de commémoration de la Shoah et de l’héroïsme de l’Université de Tel-Aviv, en hommage aux survivants de l’Holocauste et à la mémoire de ses victimes, s’est tenue jeudi 24 avril dans l’auditorium Bar Shira de l’université, en présence d’un nombreux public d’étudiants et de membres du personnel académique et administratif. Cette année, alors que certains survivants de la Shoah vivant toujours parmi nous ont leurs petits-enfants encore retenus en otages à Gaza, il est crucial de raconter et de commémorer ce qui est arrivé à nos frères et à nos sœurs.
« Un tiers du peuple juif a été exterminé par la machine du diable. Ils ont été assassinés uniquement parce qu’ils étaient juifs », a déclaré le Prof. Mark Steif, recteur de l’université. « Depuis le 7 octobre, la commémoration de la Shoah revêt une dimension douloureuse supplémentaire, à l’ombre de la guerre que nous vivons depuis ce jour horrible, au cours duquel des Juifs ont été massacrés d’une manière et avec une ampleur jamais vues depuis l’Holocauste. Le cri « Plus jamais ça » résonne comme le fondement de notre existence sur cette terre, nous unissant dans un destin commun ineffaçable. Nous sommes ici, endeuillés, tristes, souffrant du manque de nos proches, mais toujours debout et fiers, et continuant de dire « Plus jamais ça ».
Ambassadeurs de mémoire à la première personne
« Face aux défis qui menacent l’État d’Israël, nous devons continuer de construire et d’établir une société démocratique et une culture riche. C’est ainsi que nous garantirons qu’ici, au sein du patrimoine florissant de notre terre ancestrale, le peuple juif aura droit à la protection et la sécurité, et continuera de croître, de se développer et de servir de modèle aux nations ».
Au cours de la cérémonie, le public a pu entendre les témoignages de quatre rescapés de la Shoah, trois d’entre eux par leurs filles et leurs petits-enfants, et un par le survivant lui-même.
Shirley Yechilevitz, étudiante de master en gestion des conflits et médiation milite au sein de l’organisation « Ambassadeurs de mémoire à la première personne », qui a formé près de 800 ambassadeurs de mémoire à travers le pays, racontant chacun l’histoire d’un héros de la Shoah à la première personne. Elle a partagé, en son nom et au nom de sa sœur Orly Avishar, directrice du service du personnel enseignant de l’université, une partie du récit de la survie de son père décédé, Meir Zaltzman. « Le fait de raconter l’histoire de mon père à la première personne me rapproche de lui et rapproche le public de son histoire », explique-t-elle.
Les dangers de la banalisation et de la déformation
Shay Atos, président du conseil d’administration de l’association des étudiants de l’université, a partagé l’histoire de son grand-père également décédé, Menachem Teitelbaum.
Dudi Ronen, fondateur de l’organisation « Ambassadeurs de mémoire à la première personne », a raconté une partie de l’histoire de son père, Pinchas Ronen.
Yitzhak Wolster, 94 ans, originaire de Hongrie et survivant du camp de concentration de Theresienstadt, est monté sur scène accompagné de sa petite-fille, Noga Shahar, membre de l’équipe du porte-parole de l’université.
« Le caractère unique de l’Holocauste ne découle pas de la judéité de ses victimes, mais de sa nature radicale », a déclaré le Prof. Chavi Dreyfus, du Département d’histoire juive, qui a évoqué le combat pour la mémoire de l’Holocauste à l’ère de la mémoire accélérée, et l’importance de faire entendre la voix des victimes elles-mêmes, à travers leurs dernières volontés, rédigées quelques instants avant leur mort. Ceci afin de préserver le caractère humain, la complexité et les faits historiques de l’Holocauste, contre les dangers de la banalisation, de la déformation et de l’utilisation politique de sa mémoire. Le Prof. Dreyfus a présenté une description glaçante des inscriptions laissées par les Juifs de la communauté de Kobyl sur les murs de la synagogue juste avant leur extermination, et s’est livré à une réflexion approfondie sur les thèmes de la mémoire, du témoignage, de l’histoire et de l’éthique, relevant la nécessité de préserver la recherche sur l’histoire de l’Holocauste et la responsabilité morale qu’elle implique.
Au cours de la cérémonie les noms des 59 otages encore détenus à Gaza ont été lus à haute voix.
Photos:
1. Yitzhak Wolster et sa petite-fille Noga Shahar
2. Le Prof. Mark Steif
3. Shirley Yechilevitz
4. Le Prof. Chavi Dreyfus