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(Photo Credit: TAU)

A l’ombre d’un antisémitisme croissant : les nouveaux musées des pays musulmans sur la Shoah apportent un peu d’optimisme, selon un rapport de l’Université de Tel-Aviv

27 January 2025
 
A l’occasion de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, et à l’ombre de la vague d’antisémitisme croissant qui fait rage dans le monde, le quatrième rapport « Pour une juste cause» du Centre d’étude du judaïsme européen contemporain de l’Université de Tel-Aviv, met en évidence un phénomène encourageant : de nouvelles expositions et de nouveaux musées commémorant la Shoah ont ouvert ou sont en construction dans les pays musulmans, et n’ont pas cessé leur activité après le massacre du 7 octobre et l’escalade de la propagande antisémite dans le monde islamique. Parmi eux : le Musée indonésien de l’Holocauste ; l’exposition permanente « Nous nous souvenons » du Musée du Carrefour des Civilisations à Dubaï, ainsi que le Musée Besa et le Musée de l’histoire des Juifs albanais, actuellement en construction en Albanie.

Tous les ans, l’Université de Tel-Aviv publie deux rapports sur l’antisémitisme : l’un à la veille de la Journée de commémoration des martyrs et des héros de la Shoah en Israël, le Rapport annuel sur l’antisémitisme dans le monde, qui examine les diverses tendances mondiales; le second à la veille de la Journée internationale de la commémoration de l’Holocauste, le rapport « Pour une juste cause », qui passe en revue les initiatives visant à combattre l’antisémitisme et à promouvoir l’éducation sur la Shoah.

Eradiquer le déni de la Shoah dans les pays musulmans

Le rapport « Pour une juste cause », qui comprend 80 pages, a été rédigé par une équipe de neuf experts, et traite des initiatives gouvernementales et privées commémorant l’Holocauste et l’Héroïsme, luttant contre l’antisémitisme et le racisme en général, ainsi que des suggestions politiques visant à les améliorer.

Selon le Prof. Uriya Shavit, directeur du Centre d’étude du judaïsme européen contemporain de l’Université de Tel-Aviv, « Le déni de l’Holocauste et la prolifération de la propagande antisémite dans le monde musulman ne sont pas seulement des déformations de l’histoire, mais aussi des incitations à la violence. Les musées créés et en cours de création dans les pays musulmans apportent un tout petit peu de lumière, mais ce petit peu est important ».

Le Dr. Carl Yonker, chercheur principal et chef de projet au Centre, ajoute que : « Un soutien direct ou indirect d’Israël à ces musées leur porterait préjudice, mais il serait judicieux que les institutions internationales fournissent un tel soutien et se mobilisent pour éradiquer le déni de la Shoah dans les établissements d’enseignement des pays musulmans, comme partout ailleurs ».

L’importance de l’enseignement de la Shoah par les éducateurs arabes

Situé dans le plus grand pays musulman du monde, le « Musée indonésien de l’Holocauste », présente des informations écrites ainsi que des documents visuels sur les crimes nazis, notamment la reconstitution d’un lit superposé d’un camp de concentration, et des informations sur le néo-antisémitisme et le déni de l’Holocauste. Le musée a été ouvert il y a deux ans par Ya‘akov Baruch, un rabbin local d’origine néerlandaise. Immédiatement après son ouverture, les principaux dirigeants islamiques du pays ont appelé à sa fermeture immédiate, accusant Baruch de promouvoir le récit sioniste et de blanchir les « crimes d’Israël ». Dans une interview spécialement réalisée pour le rapport, le rabbin Baruch explique qu’il a dû réagir à ces critiques acerbes par le dialogue, assurant à ses opposants que le musée n’était lié ni à Israël ni au sionisme, ce qui a permis d’en garantir le fonctionnement. À ce jour, environ 2 000 personnes ont visité le musée, notamment des classes des écoles. Mais, ajoute le directeur, il y a des jours où pas plus d’une personne n’achète de billet.

L’exposition permanente commémorative de l’Holocauste à Dubaï a été créée par l’homme d’affaires et collectionneur Ahmed Al Mansuri. Elle comprend des documents sur l’histoire du nazisme et de ses crimes contre les Juifs, ainsi que des informations sur les musulmans qui ont sauvé des Juifs pendant la shoah. Au centre de l’exposition se trouve une affiche en arabe, anglais et hébreu citant une phrase de la Mishna : « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ».

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Depuis l’ouverture de l’exposition permanente il y a deux ans, près de 2 500 personnes des Émirats Arabes Unis et des États du Golfe l’ont visitée, ainsi que des milliers d’élèves des écoles locales. Même après le 7 octobre, seul un groupe scolaire venu au musée a refusé de le visiter. Dans une interview réalisée pour ce rapport, Al Mansuri a souligné le caractère unique des crimes nazis et l’importance du fait que des éducateurs arabes enseignent la Shoah et ses leçons. Il ajoute qu’après le 7 octobre, il n’a reçu aucune menace ni demande de fermeture du musée.

Le Musée Besa, actuellement en construction à Tirana, met en exergue le code éthique traditionnel albanais obligeant à la protection des voisins et des hôtes, qui explique les efforts de sauvetage exceptionnels des Juifs par la population locale albanaise pendant la Shoah.

La mémoire de l’Holocauste continue de façonner le présent

D’autres articles du rapport traitent du nouveau Musée national pour la commémoration de l’Holocauste controversé aux Pays-Bas, de l’histoire spécifique de la communauté juive de Gibraltar et de sa réaction aux manifestations antisionistes après l’attaque du 7 octobre, de la jeunesse juive en Grande-Bretagne et aux États-Unis et de ses problèmes identitaires à l’ombre de la guerre au Moyen-Orient, et du parcours d’un jeune Américain, de la direction d’un mouvement suprémaciste blanc à la lutte contre le racisme en général et l’antisémitisme en particulier.

Le rapport comprend également une interview spéciale de Max Hastings, l’un des plus éminents spécialistes britanniques de la Seconde Guerre mondiale, qui appelle à un changement radical de la manière dont l’Holocauste est enseigné dans les écoles occidentales. Hastings met en garde contre la réticence de l’Occident à faire face aux défis sécuritaires qui menacent sa souveraineté et ses institutions.

 

Lire le rapport complet (en anglais)

 

Photo 2:

Le Prof. Uriya Shavit (Crédit: Univeristé de Tel-Aviv)

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